Impact du COVID-19 sur vos collaborateurs : les premières tendances des sondages Supermood
Télétravail forcé, épuisement et anxiété sur le terrain, dépression liée au chômage partiel, etc. La crise du COVID-19 affecte à plusieurs niveaux les collaborateurs d’entreprise qui vivent des expériences singulièrement différentes.
Pour comprendre la complexité de l’impact de la crise sur le quotidien des collaborateurs et prévenir leurs risques psychosociaux, la plateforme de Supermood a récolté, analysé et agrégé 30 000+ données collaborateur depuis le début du confinement, ce qui a permis à notre équipe d’experts de déceler plusieurs tendances durant ces trois dernières semaines.
Cet article résume ces principales tendances partagées dans ce webinar par Nadia Beckert et Neila Choukri, respectivement psychologue sociale, consultante grands comptes et COO de Supermood.
Notre méthodologie d’analyse des 30 000 données collaborateurs
L'échantillon analysé
Entre le début du confinement et la date du 8 avril 2020, la plateforme Supermood a pu récolter plus de 30 000 données collaborateurs, sonder plus de 15 000 collaborateurs, analyser plus de 1500 verbatims collaborateurs, le tout avec un taux de participation de 60%.
L'approche scientifique
Comment les 30.000+ réponses confidentialisées de vos collaborateurs sont collectées, agrégées et analysées sur la plateforme Supermood ? Le schéma ci-dessous détaille chaque étape de notre approche :
Les secteurs d’activités couverts
Parmi les 200+ organisations accompagnées par Supermood, nous arrivons à pouvoir collecter des données significatives sur une dizaine de secteur, représentés ci-dessous :
Les segmentations
Pour augmenter la granularité de l’analyse, notre plateforme segmente l’agrégation de données en fonction de différents attributs :
- Séniorité (moins d’une année, 1-3 années, 3-5 années, plus de 5 années)
- Génération (Baby Boomers, Gen. X, Gen. Y, Gen. Z)
- Qualification (Manoeuvre et ouvrier non-qualifié, ouvrier qualifié, employé qualifié et non-qualifié, technicien, agent de maîtrise, ingénieurs, cadres)
- Genre (Féminin, Masculin)
- Taille d’entreprise (PME, ETI, Grands comptes)
L’identification des RPS en période de crise
Dans notre méthodologie d’analyse, l’objectif est d’identifier les risques psychosociaux, définis dans le rapport Gollac pour le Ministère de la Santé (2007) :
Les risques psychosociaux sont les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par des conditions d’emploi et facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental.
Pour ce faire, nous devons appréhender les facteurs de risques en cette période de crise qui sont répartis de la manière suivante :
- Intensité et temps de travail.
- Charges émotionnelles.
- Autonomie.
- Liens sociaux.
- Conflits de valeurs.
- Insécurité professionnelle.
A ce titre, cette prévention des risques psychosociaux s’opère par le dialogue, matérialisé par les sondages formulés par nos psychologues du travail qui questionnent de façon confidentielle les collaborateurs sur les six thématiques suivantes :
Les tendances observées des premières semaines de confinement
Tendances globales
- Près de 30% des personnes sont angoissées par rapport à leur continuité d’activité. (échantillon : 2016 réponses)
- Près de 40% des personnes se sentent en manque d’interactions sociales. (échantillon : 9044 réponses)
Tendances par population
- Les femmes sont plus impactées que les hommes. 4 femmes sur 10 n’ont plus le moral. (échantillon : 4745 réponses)
- Plus on est jeune, plus le moral est affecté. Les générations Z et Y sont en détresse par rapport à leurs aînés. (échantillon : 2780 réponses)
- Près de 30% des salariés ayant moins d’un an d’ancienneté ont un moral au plus bas. (échantillon : 3786 réponses)
- Les hommes sont en moyenne plus préoccupés que les femmes quant à la continuité de l’activité. Cela représente 4 hommes sur 10. (échantillon : 1275 réponses)
- Les collaborateurs qui se rendent sur site ont un moral inférieur aux salariés en télétravail ainsi qu’une confiance en l’avenir plus dégradée. (échantillon : 5885 réponses)
Tendances par secteurs et fonctions
- Près de la moitié des salariés des sociétés de services se sentent angoissés par la continuité de l’activité. (échantillon 1345 réponses)
- Près de 40% des fonctions commerciales sont au-dessus du seuil de détresse émotionnelle. (échantillon 2025 réponses)
- Les fonctions administratives, RH et juridiques sont les plus en difficulté quant à la priorisation des sujets et les nouvelles formes d’organisations. (échantillon 1378 réponses)
Nos anticipations par extrapolation
Par extrapolation, selon la répartition de la population active en France (source INSEE, enquête Emploi de 2017), nous pouvons anticiper que :
- 3.7 M de la population active serait en détresse par manque d’interactions sociales.
- 8 M de la population active serait en risque d’anxiété et de stress dont 5.2M pour les générations X et Y.
Analyse des 30 000 données collaborateurs de la plateforme Supermood
Les trois sujets les plus préoccupants
Par l’intermédiaire de nos sondages confidentialisés, nous avons pu déceler les trois thèmes les plus critiques pour vos collaborateurs, qui sont ceux qui ont reçu les moins bonnes évaluations sur 5 selon l’échelle de Likert.
Les thématiques les plus récurrentes
Par l’intermédiaire des verbatims présents dans les questions ouvertes, la plateforme a pu agréger les thèmes et les mots clés suivants :
Les symptômes les plus relevés – Global
- Les symptômes physiques qui amplifient la peur de l’infection et l’inquiétude.
- La confusion sur les niveaux de risque.
- Le stress de la perte de revenus.
- Le contexte d'anxiété socio-économique globale.
- La stigmatisation à l’égard des personnes représentant un danger de propagation ou issues d’une région surexposée.
- La solitude et le manque de liens sociaux.
Les symptômes les plus relevés – Populations
Femmes
- Peur. Pour les mères ayant de jeunes enfants, d’être infectées ou de transmettre le virus.
- Peur. Pour les femmes enceintes d’être infectée.
- Manque. Lacunes dans la distribution des biens de première nécessité et peur pour la stabilité financière du foyer.
Jeunes (générations Y et Z)
- Ennui. La frustration et le sentiment d’isolement causé par le confinement et par la réduction des contacts physiques et sociaux.
- Condition de travail. L’aménagement est un sujet pour les générations X et Y, qui sont aussi moins bien équipés que leurs collègues plus séniors.
Couples
- Conflits dans les couples liées au confinement.
- Charge liée aux enfants à la maison.
Fonctions commerciales
- Perte des relations commerciales et pertes de leurs emplois.
Populations sur site
- Peur d’être contaminé ainsi que le manque de mesures de prévention (masques, etc.)
Nos actionnables
Suite à l’analyse des premières tendances, nos intervenantes ont partagé plusieurs types de recommandations, que ce soit sur la manière d’optimiser ses analyses, que sur les dispositifs et bonnes pratiques à mettre en place en temps de crise.
Nos recommandations d’analyse
1. Mesurez avec un indicateur unique et récurrent les fluctuations.
Dans la période actuelle, beaucoup d’entreprises souhaitent suivre la motivation, le stress ou encore le lien social. Nous la mettons directement en place quand la problématique est claire et identifiée par nos clients. Si celle-ci n’est pas assez : audit général pour identifier la mesure la plus pertinente à mettre en place.
2. Repérez les signaux faibles par population
Explorez dans le détail les scores et moyennes à vos différentes questions, et ce pour chacune de vos populations.
3. Recensez les occurrences chez vos collaborateurs
Découvrez les commentaires confidentialisés rédigés par vos collaborateurs pour préciser votre analyse et réfléchir à des pistes d’améliorations ou des propositions de solutions – au niveau global et local.
Les bonnes pratiques des clients de Supermood
Voici les actions mises en place par les organisations les plus réactives à la crise :
- Communiquer (voire sur-communiquer) avec vos collaborateurs : partager les tendances des ressentis exprimés via nos sondages. Cela permet aux collaborateurs de se sentir moins isolés, et c’est un 1er pas pour prévenir les RPS.
- Faire preuve d’agilité en adaptant le dialogue avec les collaborateurs, notamment en s’appuyant sur les équipes Supermood pour adapter les sondages aux différents changements fréquents qu’impose la situation.
- Communiquer les liens des sources officielles concernant les risques sanitaires.
- Rappeler les mesures de prévention sanitaire.
- Mettre en place des solutions de reconnaissance à distance
- Adopter une communication bienveillante, empathique et altruiste.
Les recommandations de nos experts
- Ritualiser le moment hebdomadaire de dialogue de manière asynchrone. Par exemple : “Digital coffees”, nominer des collègues pour prendre des cafés digitaux en groupe.
- Partager des tutoriels de fabrication de masques “maison”.
- Apporter un soutien émotionnel/psychologique : vous pouvez d’ailleurs communiquer les numéros verts mis en place pour réduire l’isolement : 0 800 130 000 (accessible 7 jours sur 7, de 9 heures à 19 heures).
- Respecter et le droit à la déconnexion.
- Créer des groupes de partage et d’échanges en ligne sur le vécu d’expérience du confinement entre collaborateurs.