Salariés boomerang : une solution aux problèmes de recrutement ?
En 2022, selon Pôle Emploi, 58 % des recrutements sont jugés difficiles par les entreprises. Un chiffre en hausse, principalement attribué à un nombre insuffisant de candidats ainsi qu’au profil inadéquat de ces derniers.
Dans ce contexte, un nombre croissant d’employeurs n’hésitent plus à réembaucher leurs anciens collaborateurs : c’est le « phénomène des salariés boomerang ».
Alors, réintégrer des employés qui ont quitté l’entreprise : bonne ou mauvaise idée ? Ce vivier jusqu’alors peu exploité pourrait-il constituer une solution ad hoc à la pénurie de talents à laquelle font face de nombreuses organisations ? Supermood fait le tour de la question.
Qu’est-ce qu’un salarié boomerang ? Définition
Un salarié boomerang est un collaborateur qui revient travailler dans son ancienne entreprise après l’avoir volontairement quittée quelques mois ou quelques années plus tôt.
Il peut s’agir d’un ancien employé en CDI ou en CDD, ou même d’un ancien alternant. En outre, les raisons de son départ peuvent être variées : opportunité professionnelle, projet entrepreneurial, déménagement, raisons familiales ou reconversion professionnelle par exemple.
Quoi qu’il en soit, le salarié boomerang est un élément que l’organisation choisit de réintégrer après un « pas de côté ».
Existe-t-il un phénomène des salariés boomerang ?
Dans un contexte marqué par une vague de « Grande Démission » ou, tout du moins, par un turnover élevé, les salariés boomerang font de plus en plus parler d’eux.
Mais existe-t-il réellement une tendance à la réembauche des anciens collaborateurs ?
Une tendance issue du monde anglo-saxon
À l’instar de nombreux buzzwords et tendances RH, celle des employés boomerang nous vient du monde anglo-saxon.
Aux États-Unis, la réintégration des ex-collaborateurs est en effet admise depuis plusieurs années déjà. Selon une étude réalisée par le logiciel de gestion RH UKG, en 2015, 40 % des travailleurs américains interrogés étaient prêts à retourner chez leur ancien employeur, et 15 % avaient sauté le pas.
Des réembauches rendues possibles par un revirement de stratégie RH. 76 % des responsables RH sondés affirmaient en effet que leur entreprise était désormais ouverte aux réintégrations, alors même qu’une organisation sur deux avait auparavant une politique s’opposant à cette pratique.
Un changement de cap durable puisque, selon le réseau social professionnel LinkedIn, la proportion de salariés boomerang sur l’ensemble des recrutements aux USA serait passée de 2 % en 2010 à 4,3 % en 2021.
Outre-Manche, la tendance est également aux collaborateurs boomerang. En 2021, selon une étude LinkedIn mentionnée par la BBC Worklife, ceux-ci comptaient en effet pour 5 % des nouvelles embauches.
En outre, selon une enquête menée par le cabinet de recrutement Robert Half et citée par la même source, en 2022, 29 % des organisations britanniques ont reçu davantage de candidatures provenant d’anciens employés.
Une tendance RH qui gagne du terrain en France
Dans l’Hexagone, la tendance des employés boomerang prend également de l’ampleur. Selon LinkedIn, en France, le nombre de salariés revenant chez un ex-employeur a en effet crû de 36 % entre 2019 et 2022.
Conséquence, toujours selon le média social, parmi les travailleurs français ayant changé d’entreprise en 2022, 2,38 % ont regagné une structure qui les avait employés antérieurement.
Quels sont les avantages des salariés boomerang ?
Cette plus grande ouverture des organisations à la réembauche de leurs ex-employés peut s’expliquer par les différents avantages offerts par cette pratique, notamment :
Une (ré) intégration facilitée
En premier lieu, avec les salariés boomerang, le recrutement et le processus d’onboarding sont facilités et accélérés.
Les recruteurs connaissent en effet le parcours, mais aussi les qualités et les points faibles des candidats boomerang. Il s’agit donc essentiellement de s’assurer des raisons qui motivent leur retour et d’explorer leurs nouveaux acquis.
En outre, une fois la réembauche validée, les collaborateurs boomerang sont rapidement opérationnels. Ces derniers sont en effet déjà familiers avec la culture d’entreprise, mais aussi le fonctionnement de l’organisation, ses exigences, ses outils, ses équipes, ses partenaires et même ses clients.
Selon une étude menée en 2021 par J.R Keller, professeur en ressources humaines à l’université de Cornell, les boomerangs seraient ainsi plus performants que les toutes nouvelles recrues.
Une richesse pour l’organisation
Les employés boomerang représentent par ailleurs une véritable richesse pour l’organisation et permettent à cette dernière de se renouveler sans perdre son ADN.
Bien souvent, ceux-ci ont en effet acquis des connaissances, des compétences et des méthodes qu’ils sauront aisément mettre au service de leur ancien employeur.
Améliorer la marque employeur pour attirer et fidéliser les talents
Enfin, le retour d’anciens collaborateurs a un impact favorable sur la marque employeur.
Et pour cause, la décision des ex-salariés de réintégrer l’organisation est un signal positif envoyé aux salariés en poste et aux candidats potentiels : ici, l’herbe est finalement plus verte qu’ailleurs.
En outre, la flexibilité offerte par l’entreprise pourrait renforcer son attractivité aux yeux des nouvelles générations de salariés qui ne conçoivent plus leur carrière de façon linéaire.
Selon l’étude réalisée par UKG susmentionnée, 46 % des Millenials interrogés affirment en effet être intéressés par la possibilité de retourner chez leur ancien employeur.
Nous le voyons, les atouts des salariés boomerang sont nombreux et apportent une réponse aux problématiques d’attractivité et de rétention des talents auxquels se confrontent actuellement les organisations.
Alors, quelles solutions mettre en œuvre pour faire revenir les meilleurs éléments au sein de votre structure ?
Comment faire revenir les ex-salariés dans l’entreprise ?
Plusieurs solutions peuvent être déployées en vue de donner envie aux ex-collaborateurs les plus performants de regagner l’entreprise.
Adapter la politique RH et sensibiliser le management
La première étape consiste bien entendu à adopter une politique RH qui autorise la réembauche des anciens collaborateurs ayant quitté l’entreprise dans de bonnes conditions.
Mais ce n’est pas tout. Il s’agit également de sensibiliser le management aux différents bénéfices afférents à ce type de recrutement.
En effet, selon une étude publiée par UKG en 2022, alors même que 65 % des salariés français souhaiteraient revenir travailler chez leur ancien employeur si l’opportunité se présentait, seul un encadrant sur deux est ouvert à l’idée de réintégrer un ex-collaborateur.
Un changement de mentalité s’impose donc du côté des managers.
Soigner le processus d’offboarding des collaborateurs
La deuxième clé en vue d’attirer les ex-salariés consiste à soigner le processus d’offboarding qui leur est réservé lors de leur départ.
L’objectif est triple :
- Offrir une expérience employé optimale aux démissionnaires afin de susciter chez eux l’envie de retour, notamment en revenant sur leurs succès et en restant à l’écoute de leurs remarques ;
- Sonder les raisons de leur départ et leurs projets afin d’identifier les profils à suivre ou, autrement dit, les potentiels candidats à la réintégration ;
- Formuler clairement la possibilité pour les collaborateurs de postuler ultérieurement s’ils le souhaitent.
Dans cette perspective, un entretien individuel avec un manager (ou « exit interview ») est bien entendu essentiel.
En complément, une solution d’écoute des collaborateurs tel que Supermood, pourra également être utilisée avec succès.
Cet outil permettra en effet à l’employeur d’obtenir des retours authentiques concernant le parcours des collaborateurs, de leur recrutement à leur offboarding.
Autant d’informations stratégiques sur lesquelles il pourra s’appuyer en vue d’améliorer l’expérience collaborateur, et donc de mieux attirer, engager, retenir et… faire revenir les talents.
Rester en contact avec les anciens collaborateurs « prometteurs »
Enfin, le troisième levier permettant de donner envie aux meilleurs éléments de réintégrer l’organisation consiste à garder contact avec ces derniers.
Toujours selon l’étude réalisée par UKG en 2022, alors même que 62 % des salariés interrogés pensent avoir de bonnes chances d’être réintégrés par leur ancien employeur, seul un sur quatre (26 %) s’est effectivement rapproché de celui-ci.
Il est donc indispensable pour les recruteurs d’être proactifs s’ils souhaitent exploiter ce vivier de talents.
En pratique, plusieurs solutions peuvent être envisagées afin d’entretenir un lien avec les ex-collaborateurs et de les tenir informés des opportunités professionnelles offertes par l’entreprise :
- L’envoi d’une newsletter destinée aux anciens collaborateurs ;
- La mise en place d’une communauté d’alumni, via un groupe LinkedIn, Slack voire Discord ;
- L’organisation d’événements dédiés ou ouverts aux ex-salariés.
Les salariés boomerang : un vivier de talents à exploiter
Dans un contexte marqué par d’importantes difficultés de recrutement, le phénomène des salariés boomerang prend de l’ampleur.
Et pour cause, pour les entreprises, réembaucher des ex-collaborateurs ayant quitté leur poste dans des conditions favorables présente des avantages en matière de marque employeur, de performance, de recrutement et d’onboarding.
La bonne nouvelle : une majorité de travailleurs sont déjà acquis à l’idée de regagner leur ancienne entreprise si l’occasion se présente. Reste pour les organisations à se montrer proactives afin de concrétiser ces envies de retour.