Risques psychosociaux : tout savoir sur les RPS et comment les prévenir
45 % des actifs français déclarent devoir toujours (ou souvent) se dépêcher au travail, selon l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité). Associé à un sentiment de devoir cacher leurs émotions, d’être contraint de faire les choses moins bien qu’ils le souhaiteraient ou encore de subir la pression morale de leurs supérieurs, ce constat résume les conséquences des risques psychosociaux sur les salariés. Aujourd’hui, leur prise en compte est devenue incontournable. Elle doit faire pleinement partie de l’orientation stratégique RH des entreprises.
Risques psychosociaux (RPS) : Définition
Un objectif de rendement trop important par rapport aux ressources fournies au salarié, des violences internes, des conflits récurrents, un cadre de travail pas ou peu adapté à la nature du poste… des risques psychosociaux peuvent être présents dans toutes les entreprises.
Quels qu’ils soient, les risques sociaux se situent entre l’individu, sa personnalité et son rôle dans l’entreprise, et sa situation de travail. Plusieurs risques psychosociaux peuvent se cumuler, menant à des conséquences graves voire irréversibles pour le salarié : anxiété, dépression, épuisement professionnel ou encore suicide.
Différents facteurs de risques psychosociaux
L’origine des risques psychosociaux est parfois difficile à évaluer, ces risques ayant généralement des origines multiples. Bien souvent, le salarié comme l’entreprise les perçoivent tard. C’est la raison pour laquelle les entreprises sont aujourd’hui incitées à agir en prévention.
Pour renforcer la prise de conscience des entreprises au sujet des risques psychosociaux, La Dares a publié une étude sur les conditions de travail et la santé au travail en novembre 2016. Dans un volet consacré aux RPS, elle dresse le constat suivant :
- 64 % des actifs déclarent être soumis à un travail intense et/ou subir des pressions de la part de leurs supérieurs hiérarchiques ;
- 64 % d’entre eux estiment manquer d’autonomie dans leurs missions ;
- 31 % des répondants estiment qu’ils doivent cacher ou maîtriser leurs émotions au travail.
Cette étude et d’autres travaux sur les risques psychosociaux ont permis de catégoriser leurs principaux facteurs :
- Les exigences dans le travail : délais trop courts, manque de clarté dans les objectifs à atteindre, horaires intensifs, surcharge en termes de nombres de tâches, etc.
- L’interaction émotionnelle du salarié avec son cadre de travail : des relations difficiles avec ses collègues, le sentiment de devoir jouer un rôle, des violences au travail physiques et/ou verbales, du harcèlement moral ou sexuel, etc.
- Le manque d’autonomie et de prise de décisions : peu de marge de manœuvre dans la réalisation de ses tâches, un rythme de travail entrecoupé, des compétences trop peu exploitées, etc.
- Des conflits de valeurs : une perte de sens dans le travail, un non-accès aux ambitions de développement de l’entreprise, une impossibilité d’échanger sur les méthodes et processus de travail, etc.
- Une insécurité dans la situation de travail : des salaires versés en retard, des contrats précaires renouvelés de nombreuses fois, un changement de poste sans la formation adéquate, etc.
Risques psychosociaux : des conséquences sur les salariés comme sur les entreprises
Les risques psychosociaux ont des conséquences sur les salariés qui les subissent (troubles musculosquelettiques, maladies cardio-vasculaires, troubles de la santé mentale, aggravation des maladies chroniques, etc.), mais aussi sur les entreprises.
En effet, les organisations qui ne prennent pas au sérieux la question des risques psychosociaux peuvent observer : une augmentation de l’absentéisme dans leurs effectifs, un taux de turn-over plus important, des horaires moins respectés, des accidents de travail, une chute de la productivité ou encore une dégradation globale du climat social avec des conséquences sur la marque employeur.
Comment prévenir les risques psychosociaux ?
La responsabilité des risques psychosociaux ne peut et ne doit reposer uniquement sur les salariés. Les entreprises sont tenues de respecter des principes énoncés par le Code du Travail (article L.4121-2) et sont dans l’obligation de mettre en œuvre une démarche de prévention en fonction des situations spécifiques de leur entreprise pouvant représenter des facteurs de risques psychosociaux.
Évaluer les risques inévitables régulièrement
Les risques psychosociaux concernent tous les types d’environnements de travail. Étant la conséquence de l’interaction entre un salarié, une mission et un cadre de travail, ils sont parfois inévitables. Raison de plus de les anticiper afin de réduire le plus possible leur impact, et de proposer aux employés des conditions de travail agréables.
Analyser la cause des risques psychosociaux
Si un employé en contact avec la clientèle déclare être trop stressé, c’est peut-être que l’insatisfaction des clients est trop importante, et qu’il doit gérer un mécontentement constant dont il n’est pas à l’origine. Dans ce cas d’exemple, l’origine même du problème peut concerner le produit ou les services commercialisés. Il est donc nécessaire de prendre le temps d’analyser la ou les causes de chaque risque psychosocial identifié.
Ainsi, l’entreprise peut agir à la source des risques psychosociaux et les réduire le plus possible par des actions concrètes.
Offrir aux salariés un cadre de travail adapté
Qu’il s’agisse d’un poste de travail en atelier de production ou d’un bureau dans un open-space, c’est à l’employeur d’offrir au salarié toutes les conditions matérielles nécessaires à la bonne conduite de son travail.
Le principe d’ergonomie des postes de travail fait pleinement partie du plan de réduction des risques psychosociaux puisqu’il a une incidence importante sur les troubles musculosquelettiques, pouvant avoir des séquelles graves sur la vie personnelle et professionnelle des salariés.
Miser sur les progrès techniques pour améliorer la sécurité au travail
Les progrès techniques et technologiques concernent tous les secteurs d’activités. Le Code du Travail les considère comme un moyen pour les entreprises de favoriser la qualité de vie au travail et de minimiser les risques psychosociaux. Les organisations de toutes les tailles sont donc amenées à suivre l’évolution technique pour proposer des solutions actuelles à leurs collaborateurs. De plus, ils ont une conséquence positive : celle d’améliorer la productivité des salariés.
Organiser des actions de prévention en lien avec les salariés
La planification et la mise en œuvre d’actions de prévention régulières font partie de la responsabilité des entreprises dans la lutte contre les risques psychosociaux. L’employeur doit alors mettre en place un plan d’actions dans lequel il définit un ordre de priorité, en séparant les objectifs de réduction des RPS à court terme de ceux à long terme.
Cependant, pour être pleinement efficace, ce plan d’actions doit être construit en concertation au moins avec les représentants du personnel et, si possible, avec les salariés ayant participé à l’évaluation de leurs propres risques psychosociaux. L’implication de tous les collaborateurs est très importante pour leur faire preuve de l’intérêt de l’entreprise dans la défense de leurs conditions de travail. Cette dernière doit faire preuve de transparence quant aux actions de prévention menées en interne.
Enfin, pour renforcer l’impact de la mise en place d’un plan d’actions de prévention, l’entreprise peut le séparer en 3 parties : une sur les risques techniques, une sur la dimension organisationnelle et une autre sur les risques psychosociaux humains. Cette classification correspond plus ou moins aux différentes catégories de facteurs de risques présentés plus haut.