La santé mentale des salariés, le nouvel enjeu stratégique des entreprises
La santé mentale a pendant longtemps été vue comme un tabou en entreprise. Jusqu’à récemment, les employeurs considéraient, qu’au-delà du cadre légal, elle ne relevait pas de leur responsabilité. Mais la crise du covid-19 a bouleversé ces croyances.
Stress, surcharge de travail, isolement, déséquilibres vie pro/vie perso… Avec la crise et le basculement en télétravail, les risques psychosociaux (RPS) se sont exacerbés, impactant la productivité des salariés. Face à ce constat, les entreprises ont pris conscience qu’elles avaient un rôle plus important à jouer dans la protection de la santé mentale des salariés.
Mais comment mieux prendre soin de la “psyché” de ses collaborateurs durant la crise, surtout en télétravail où l’équilibre vie privée – vie professionnelle se précarise ?
L’intelligence émotionnelle et les outils digitaux de récolte de feedback s’imposent de plus en plus comme des solutions efficaces pour veiller au bien-être et maintenir l’engagement des collaborateurs, même à distance. Analyse.
Les effets destructeurs de la crise covid-19, sur la santé mentale des salariés
Si on en parle plus qu’avant, les risques psychosociaux (RPS) n’ont rien de nouveau.
Bien avant la crise, la surcharge de travail, le stress ou encore les déséquilibres entre vie privée et vie professionnelle existaient déjà, et étaient à l’origine d’un certain mal-être en entreprise.
Plusieurs études de la DARES montraient même que les facteurs de risques psychosociaux liés au travail n’avaient cessé de s’accroître depuis les années 1990.
Mais avec l’éclatement de la crise sanitaire, la détresse psychologique des salariés s’est fortement aggravée. Entre le télétravail complet imposé, les confinements successifs et les règles de distanciation sociale ; les salariés ont souvent eu du mal à s’adapter, à maintenir l’activité et à s’organiser à distance. Le tout dans un contexte socio-économique incertain et anxiogène, ce qui a inéluctablement impacté leur moral et leur engagement.
Professionnellement j’ai le sentiment de donner le maximum tout en assurant mes obligations familiales. C’est très éprouvant.
Selon la 7ème vague du baromètre Empreinte Humaine réalisé en avril-mai 2021, le taux de burn-out sévères a été multiplié par deux en seulement un an. Aussi, 71% des Français affirment avoir subi plus de stress et d’anxiété au travail en 2020 par rapport aux années passées.
Parallèlement, on remarque que la crise a accentué le sentiment de perte de sens au travail. D’après une enquête Randstad de mai 2020 : avant la crise, 13% des salariés avaient le sentiment d’occuper un emploi inutile, après la crise, ils étaient 29% à le penser.
Difficile d’être serein dans cet environnement où : 1) il persiste la crainte d’être infecté ; 2) l’impact sur l’environnement économique risque de peser lourd à terme pour les Français et pourrait affecter notre entreprise/Groupe.
Cette perte de sens conjuguée à la fatigue psychologique après plus de 14 mois de crise sanitaire, ont eu un fort impact sur les performances des collaborateurs. D’après une étude réalisée en 2020 par le cabinet RH Worplace Intelligence et l’éditeur Oracle, 40% des salariés reconnaissent que le stress, l’anxiété et la dépression font chuter leur productivité et peuvent les conduire à prendre de mauvaises décisions. Il est donc urgent que les entreprises prennent à bras le corps la thématique de la santé mentale.
La santé mentale des salariés, nouvel enjeu stratégique des entreprises
Si le bien-être psychologique des salariés n’avait encore jamais été considéré comme relevant de la responsabilité des employeurs ; c’est aujourd’hui bel et bien le cas !
Selon OpinionWay, 76 % des salariés considèrent l’employeur comme le garant de leur santé mentale. Les dirigeants et représentants du personnel sont aussi de cet avis ; pour 90% d’entre eux, tenir compte de la santé des salariés, au-delà du cadre strictement légal, relève bien du rôle de l’entreprise. Mais paradoxalement, moins d’1/3 des entreprises mettent en place des actions pour favoriser le bien-être au travail.
Autre point bloquant : 58 % des salariés révèlent qu’ils ne communiqueraient pas leur maladie mentale à leur employeur s’ils étaient concernés. En cause ? Plus de sept salariés sur dix pensent que leur manager serait gêné en le découvrant. Un sentiment lié au fait que la santé mentale est encore souvent un tabou en entreprise.
D’ailleurs, les entreprises communiquent relativement peu en interne sur le sujet, puisque seul un quart des salariés s’estiment suffisamment informés sur les maladies mentales et seuls 22 % seraient prêts à réagir face à une « attaque panique ou une crise suicidaire de l’un de leurs collègues ».
Face à ce constat alarmant, révélateur d’une fracture entre les attentes des salariés et les actions des entreprises, il est urgent que les dirigeants et managers RH fassent de la santé mentale un enjeu stratégique prioritaire, en déployant plus de mesures pour prévenir les RPS dans la sphère professionnelle. L’objectif à terme étant d’améliorer l’expérience collaborateur, la marque employeur et aussi bien sûr les performances des salariés.
Vers une meilleure gestion de la santé mentale et des RPS
Mais quelles solutions mettre en place pour redonner le sourire aux salariés ?
On se souvient tous des cours de yoga, des paniers de fruits bio et du baby-foot dans l’open-space. Mais depuis la crise sanitaire, ces dispositifs “feel good” ne suffisent plus.
D’une part, parce que les équipes sont moins présentes au bureau, et d’autre part, car les besoins en matière de qualité de vie au travail (QVT) ne sont plus les mêmes.
Le contexte de crise et le télétravail requièrent une approche différente. Parmi les actions récentes de QVT et de prévention des RPS que les entreprises ont mises en place depuis le début de la pandémie, on peut citer :
- une ligne téléphonique d’urgence ;
- de la documentation dédiée ;
- une formation de secourisme en santé mentale ;
- des psychologues d’entreprise,
- des ateliers de sophrologie, méditation, sport, nutrition, etc.
Même si toutes ces mesures vont dans le bon sens, beaucoup de salariés sous pression n’ont pas toujours de temps à consacrer à ce type d’initiatives. Par ailleurs, un changement de mentalité plus profond doit s’opérer au sein de l’entreprise pour briser le tabou autour de la santé mentale et en faire un vecteur de performances à long terme.
Il est essentiel d’instaurer une culture d’entreprise qui légitime les émotions dans la sphère du travail. Les dirigeants et la fonction RH doivent prendre la parole sur ce sujet, montrer qu’ils sont ouverts au dialogue social (avec les représentants du personnel et les salariés) et qu’ils sont prêts à s’investir dans une démarche sincère de prévention des RPS.
Managers : l’enjeu de se former à l’intelligence émotionnelle et l’écoute analytique
Pour que cette nouvelle culture en faveur de la santé mentale se concrétise, le management doit pouvoir la porter et l’incarner. Cela implique, entre autres, de à l’intelligence émotionnelle – afin qu’ils soient plus aptes à gérer les émotions des membres de leur équipe, qu’ils fassent preuve de plus de bienveillance ou encore qu’ils fournissent des feedbacks positifs et constructifs.
Ce type de management basé sur l’intelligence émotionnelle, est incontournable en situation à la fois de crise et de télétravail.
Par ailleurs, les outils de sondage et de récolte de feedback, comme Supermood, peuvent aider les managers et dirigeants à démontrer leur engagement en matière de santé mentale et à identifier les principaux risques psychosociaux au sein de leur équipe.
À travers l’envoi de sondages courts réguliers et confidentialisés, les salariés peuvent s’exprimer librement leurs besoins et attentes sur divers sujets (ex : management, qualité de vie au travail, émotions, etc.) pouvant affecter leurs état psychologique et leurs performances.
Grâce à une segmentation des résultats selon différents critères (départements, métiers, âges, années d’anciennetés, genre, etc.), la plateforme d’écoute analytique Supermood, permet aux équipes dirigeantes d’avoir une vision encore plus complète et granulaire des problématiques de santé mentale. Grâce à toutes ces données, elles peuvent ensuite formuler des réponses plus précises et plus adaptées aux attentes terrain du moment.
Conclusion
Avec le prolongement de la crise, nous ne pouvons plus ignore les enjeux de santé mentale au travail. Les entreprises doivent dès à présent proposer des solutions adaptées pour que la performance des salariés soit au rendez-vous.
Enfin s’il y une chose positive que l’on peut retenir de cette crise, c’est qu’elle aura permis d’accorder une place plus importante à la santé mentale au sein des entreprises.