Génération Z et conditions de travail : quelles sont leurs attentes ?
Ce sont vos nouveaux voisins dans l’open space. Fraîchement diplômés, ils intègrent petit à petit le marché du travail. Eux, ce sont les membres de la « Génération Z », ces jeunes nés entre la fin du 20ème et le début du 21ème siècle. Ces nouveaux actifs posent un regard bien différent de leurs parents sur le monde professionnel et attendent que leurs employeurs leur proposent des modalités de travail innovantes et flexibles.
Impossible pour les entreprises et les équipes RH de ne pas chercher à mieux cerner leurs besoins lorsqu’on sait qu’ils représenteront, d’ici 2025, 27 % de la main-d’œuvre des pays de l’OCDE selon le magazine Forbes.
Nous vous proposons à travers cet article de décrypter ensemble les attentes de la génération Z en termes de conditions de travail.
1 - Que recouvrent les notions de conditions et modalités de travail ?
La Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) définit ainsi les conditions de travail :
les aspects matériels (contraintes physiques, moyens, conditions sanitaires, etc.), organisationnels (temps de travail, rythme de travail, autonomie et marge de manœuvre, etc.), et psychosociaux (relations avec les clients, la hiérarchie et les collègues, sentiment d’utilité, etc.) dans lesquels est exercée l'activité professionnelle.
Elle rappelle que l’organisation du travail a de nombreux effets sur le bien-être physique et psychologique du salarié. En effet, l’entreprise est responsable de la sécurité de ses employés en prévenant les risques professionnels, et notamment les risques psychosociaux.
Ces dernières années ont permis de mettre des mots sur les maux du travail comme l’épuisement professionnel. En réponse à cela, des actions pour la QVT (Qualité de vie au travail) se sont largement développées.
2 - En quoi les exigences professionnelles des jeunes diplômés se révèlent différentes de leurs aînés ?
La génération Z regroupe les individus nés entre 1995 et 2010. Ils succèdent aux baby-boomers (nés entre 1945 et 1960), à la génération X (nés entre 1961 et 1981) et à la génération Y (nés entre 1982 et 1996).
Voici quelques points qui permettent de mieux cerner son caractère et son rapport au travail :
- Elle apprenait à marcher tandis que ses aînés faisaient leurs premiers pas sur la toile en découvrant les usages du web, elle n’a pas connu le monde sans internet.
- Elle veut être heureuse au travail.
- Elle veut évoluer sans cesse et a soif de connaissances.
- Elle est moins fidèle à ses employeurs : 70% des salariés de la génération Z songeaient à changer d’emploi en 2023 contre seulement 34% des plus de 45 ans.
- Elle a confiance dans son pouvoir de changement de l’entreprise : 55% des nouveaux employés pensent qu’ils peuvent influencer les actions de leur entreprise pour qu’elle ait un meilleur impact sociétal contre 43% des plus de 45 ans.
Dans le même temps, leurs parents ont vu leur temps de travail se réduire, le nombre d’heures travaillées annuelles est passé de 1817 en 1998 à 1600 en 2008 (1).
Comment cela s'explique-t-il ? Tout d’abord, grâce aux avancées technologiques, des gains de productivité ont été réalisés. Aussi, des métiers à fortes amplitudes horaires ont commencé à décliner dans la population comme les artisans ou les agriculteurs. Enfin, en 1998, la loi Aubry a permis aux Français de passer aux 35 heures de travail hebdomadaires et ceux-ci ont ainsi pu profiter de leurs premiers jours de RTT.
Qui dit moins de temps destiné au travail, dit plus de temps pour les hobbies et les vacances. On est ainsi entré dans une nouvelle période appelée la « société de loisirs société de loisirs » avec l'arrivée de compagnies aériennes low cost et des sites de réservation de voyages en ligne tandis que le territoire français a vu fleurir parcs d'attractions, cinémas multiplex et autres offres de divertissement pour la famille.
3 - Les modalités de travail correspondant aux attentes de la génération Z
Le salaire, un critère qui demeure prioritaire
La génération Z reste comme ses aînés préoccupée par son revenu et les avantages financiers proposés par son employeur. Ainsi, cela demeure son premier critère de choix lorsqu’elle s’oriente vers un emploi.
À noter que selon un rapport du Forum économique mondial communiqué dans le New York Times, cette génération valorise tout de même moins le salaire que les autres générations.
Ainsi, il est intéressant de noter que 56% des jeunes se disent prêts à gagner moins d’argent pour avoir davantage de temps libre et 76% s’estiment prêts à accepter un emploi moins rémunérateur si celui-ci a du sens pour eux.
Le télétravail, un acquis incontournable depuis la crise sanitaire
Se rendre au bureau un peu, beaucoup, mais pas tous les jours de la semaine, semble être le credo des jeunes actifs. Ils veulent composer leur emploi du temps librement sans augmenter leur charge mentale.
76 % d’entre eux encouragent un modèle hybride entre la présence au bureau et le télétravail. Néanmoins, ils aiment aussi aller sur leur lieu de travail pour l’ambiance et les échanges entre collègues. La majorité d’entre eux ne se montre donc pas favorable à un télétravail total.
Du temps pour sa réalisation personnelle : à la recherche d’un meilleur équilibre vie pro-vie perso
Les Z pensent à leur épanouissement au sens large et ne comptent pas simplement sur leur entreprise pour se réaliser, ils aiment décider de leur trajectoire. Ils cultivent l’agilité et font grandir leur vie professionnelle à travers des activités personnelles : associations, sports, formations complémentaires, projets en freelance, etc.
Pour répondre à leur recherche d’un meilleur équilibre vie pro-vie perso, certaines entreprises adoptent des organisations inédites comme la semaine de quatre jours. En plus de retenir les jeunes talents, cela leur permet de faire la différence lorsqu’un candidat hésite entre deux propositions de job.
« Je n'ai quasiment pas de turnover et pour les recrutements ça change tout », explique Mathieu Rostamkolaei, dirigeant de l'agence digitale Mozoo qui l’expérimente avec ses équipes. Une manière originale de capter l’attention de profils fortement sollicités, sensibles à leur bien-être.
Autre modalité de travail innovante, depuis 2017, Supermood propose des congés illimités à ses employés et 72% des nouveaux embauchés déclarent que ces repos à volonté ont joué un rôle important dans leur décision d’intégrer l’entreprise.
Une relation manager-managé basée sur la proximité
“C'est une génération avec des aspirations contradictoires. Ils veulent de l'autonomie tout en ayant besoin d'être coaché.” affirme Elodie Gentina, enseignante-chercheure à l'IESEG School of Management.
En effet, les jeunes diplômés revendiquent un besoin de liberté tout en souhaitant un management de proximité pour monter rapidement en compétences. Ils se montrent plus à l’aise avec les pratiques managériales privilégiant l’horizontalité plutôt que la verticalité.
Malgré leur ultra-connexion, ils sont attentifs aux soft skills comme l’empathie et à la relation de confiance partagée avec leur supérieur. Ils se reconnaissent ainsi dans la culture du feedback lorsqu’elle est déployée dans l’entreprise.
Le sentiment d’utilité nécessaire à la motivation
Quand on leur demande de décrire leur vision de la réussite professionnelle, 49% des nouveaux arrivés sur le marché du travail considèrent que c’est avoir un travail qui a du sens. Pour 44%, c’est exercer un emploi utile à la société.
Au-delà de leur poste, ils sont intéressés par l’impact créé par leur société et par les problématiques que son organisation cherche à résoudre.
Cela s’est traduit ces dernières années par un engouement pour les sociétés à mission.
« Quand je demande aux candidats de me parler de la marque, ils me répondent tout de suite qu’elle réconcilie mode et écoresponsabilité et qu’elle est entreprise à mission, indique la DRH de la marque de vêtements Faguo Clémence Cariou.
En revanche, si vous communiquez sur votre démarche RSE pour n’en faire qu’un atout supplémentaire de votre marque employeur, vous risquez fortement de vous discréditer auprès de cette population. Votre stratégie globale d’entreprise et vos actions doivent être le reflet des engagements exprimés. La jeune génération apprécie les discours transparents et authentiques.
Comme nous l’avons vu, les salariés de la génération Z se montrent particulièrement attentifs aux questions de flexibilité, d’équilibre vie pro-vie perso, à la relation avec leur manager et au sens de leur travail. Comme pour les autres générations, le salaire reste tout de même primordial lorsqu’elle recherche un emploi.
Sources :
- La France sous nos yeux, Jérôme Fourquet, Jean-Laurent Cassely, Seuil, 2021